C'est dur de ne pas être la
« super-femme enceinte »
des catalogues, jolie, active, épanouie...
Il arrive que des grossesses (considérées
comme "à risques")
nous obligent à garder le repos complet,
que des examens nous angoissent,
que le discours médical nous fasse perdre confiance en notre bébé.
Je partage avec vous notre cheminement pour
faire de cette grossesse,
malgré tout, une merveilleuse expérience.
La vision positive de notre sage-femme
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Comme on a vite oublié ce que l'on ressentait lors de la première grossesse ! Ce sentiment merveilleux alliant découverte et crainte est un peu estompé. On est tellement prise par son aîné, que l'on se demande si l'on arrivera à aimer autant le second. On oublie qu'il est là. Au début, même, on ne réalise pas que l'on est enceinte. Et puis, très vite, on sent de légers frémissements dans son ventre. Petit à petit, la présence d'un nouveau petit être se fait plus réelle. Au premier coup de pied, on retrouve l'enthousiasme de la "première fois".
Toutefois, cette seconde grossesse se passe un peu difficilement. Dabord une échographie hyper angoissante : retard de croissance du bébé, mauvais fonctionnement du placenta, mauvaise circulation, puis propositions de faire lamniocentèse...
15 jours plus tard, jai plein de contractions, le col se modifie, jai trop de tension, et on me met au repos (alors que jai un boulot passionnant et que mon aîné continue daller à la crèche). Cest dur... Dire que ma première grossesse a été sur des roulettes. Je ny comprends rien...
Encore 15 jours plus tard, de l'albumine dans les urines et la tension qui continue à monter. Diagnostic : toxémie gravidique. Repos couchée et arrêt complet. Où cela va-t-il s'arrêter ? A chaque fois, il faut se remettre en question, accepter son sort...
Le monde médical est si inquiétant ! Plus on y regarde, et plus on trouve des problèmes. Notre sage-femme a été la seule personne à nous parler de manière positive. Par son écoute, elle m'a aidé à trouver en moi les réponses et les meilleurs diagnostics, à garder confiance, à toujours rester en contact avec le bébé.
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C'est lors de l'échographie morphologique que tout a basculé. Le médecin (un spécialiste des échographies de ce type) a commencé à examiner le bébé, ses bras, ses jambes, en nous décrivant ses observations. Tout allait bien. Puis, il est arrivé au cur, sans bien parvenir à en voir les détails. Il passait et repassait sans cesse sur cette zone, sans dire un mot. L'examen, qui devait durer 20 minutes, a pris plus d'une heure. Pas une fois, le bébé n'a bougé, ce qui a encore plus inquiété le médecin.
Plusieurs anomalies ont été constatées : le cordon ne comporte qu'une seule artère (au lieu de deux), le liquide amniotique est peu volumineux (dans les normes, mais...), ma circulation vers le bébé est décrite comme "mauvaise" (je devrai prendre de l'aspirine régulièrement), le bébé a un retard de taille et de poids par rapport à son âge, il ne bouge pas... "Je dois revoir ce bébé", nous a répété le médecin à maintes reprises.
Ce n'est pas difficile d'imaginer l'angoisse qui vous prend après une telle séance. Nous devons revenir 15 jours plus tard... Comment supporter cette épouvantable attente ? Après une nuit presque blanche, nous avons décidé de nous faire mieux expliquer, par un autre médecin, ce qui nous arrivait, ou, du moins, ce qui pouvait nous arriver, à nous, à notre petit bébé.
Trois diagnostics et deux gynécologues plus tard, nous étions épuisés, et pas plus rassurés pour autant. Plus on y regarde, et plus on trouve des problèmes. On nous propose une amniocentèse, "pour nous rassurer". Au contraire, j'ai l'impression de perdre complètement le contrôle de ma grossesse. De perdre le contact avec le bébé, que je ne vois plus qu'à travers les appareils et les tests. De perdre confiance en lui...
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Après l'échographie morphologique et ses angoisses, nous avons appelé notre sage-femme. Le soir-même, celle-ci nous recevait chez elle. Bien sûr, la sage-femme n'est pas là pour poser un diagnostic sur l'état du bébé, lorsqu'un problème se présente. Et pourtant, son contact et son écoute ont été pour nous une aide énorme. Elle a d'abord écouté notre récit de l'échographie de la veille, sans chercher à minimiser la gravité de ce que nous vivions. Ensuite, elle a posé ses mains sur mon ventre, appelant le bébé avec toute la tendresse possible. Le bébé, qui semblait ne plus bouger depuis hier, lui a répondu par un beau petit mouvement ! Elle nous a invité, à notre tour, à "appeler" le bébé dans nos mains. Elle nous a réappris à lui faire confiance, à l'aimer, sincèrement, sans craintes, dans l'instant présent. Le futur est encore inconnu, mais elle nous prévient : "on ne fait pas son deuil de ce qui n'a pas existé".
Nous sommes repartis chez nous dans un tout autre état d'esprit. L'angoisse et le stress qui nous tordaient l'estomac ont fait place à une certaine acceptation de ce qui arrivera, quoi que ce soit. Le bébé rebouge dans mon ventre, et je me promets de l'aimer sincèrement, dans l'instant présent. Je veux aussi lui faire toute la place possible, dans ma tête et dans ma vie. Cela lui permettra peut-être de rattraper son retard...
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Par deux fois, les gynécologues qui ont examiné le bébé par échographie nous ont parlé de faire une amniocentèse, surtout si un résultat positif pouvait avoir des conséquences sur la suite de la grossesse. J'admets que, de prime abord, je ne me sens pas capable, ni mon mari, d'assumer un bébé trisomique. Mais ce test m'effraie viscéralement, et j'aimerais tant trouver en moi la réponse, plutôt que d'aller faire irruption dans la bulle de mon bébé, avec tout le manque de confiance en lui que cela implique. J'aurais vraiment l'impression de le trahir en laissant faire cela.
Pendant plusieurs jours, les questions se sont bousculées dans ma tête. D'un côté, je tiens à rassurer mon mari (et moi-même aussi), sur l'avenir de notre enfant. Les médecins ne peuvent pas se permettre d'être rassurants. Il reste toujours un doute. Je ne leur en veux pas; c'est leur rôle de diagnostiquer les problèmes. Mais je ne peux pas non plus me contenter de leur seul avis. C'est si choquant de s'en remettre aux machines et aux tests, alors que je suis persuadée que certaines personnes sont capables de trouver en elle de bien meilleurs diagnostics.
Par ailleurs, pourrai-je vivre ma grossesse harmonieusement si je fais ce test ? N'est-ce pas là trahir tout ce que j'ai défendu jusqu'à présent ? N'est-ce pas le début d'un engrenage, où l'on va aller de plus en plus loin dans les tests et les examens ?
J'essaie de toutes mes forces de rentrer en contact avec le bébé. Il bouge en moi (un peu ? normalement ? beaucoup ? je ne sais pas le dire). Mais il bouge à chaque fois que je pense à lui. La sage-femme me dit que son comportement ne l'inquiète pas, qu'il réagit bien, que son cur est tonique. Moi qui étais inquiète depuis le début de ma grossesse, je me sens plus en confiance depuis le diagnostic de cette mauvaise circulation vers le placenta. Mais je ne me sens toujours pas capable d'assumer, si le bébé a vraiment un problème, à la naissance.
Et puis, un soir, la réponse est venue d'elle-même, avec une force indescriptible : je ne ferai pas cet examen barbare. Je suis de plus en plus certaine que le bébé va bien, que l'on s'est beaucoup inquiétés pour pas grand chose. Je me sens si légère d'avoir pris cette décision. J'en ai des bouffées de bonheur qui m'envahissent. C'est si évident a posteriori, mais pourtant, ça m'a demandé un tel travail mental pour y arriver. Je me dis que j'étais vraiment aveugle.
A présent, le bébé a enfin sa place dans notre vie, dans notre maison, dans notre famille. Notre aîné commence à lui faire plein de bisous. C'est certainement le meilleur signe ! Je repense à des prénoms, à sa chambre, à son berceau. Quel bonheur retrouvé !
Pour mon mari, c'est un peu plus difficile. A moi maintenant de lui partager toute ma confiance envers le bébé. Il semble accepter petit à petit cette décision, avec un peu de fatalisme dans la voix. Un élément objectif incontestable est quand nous avons réalisé ce que représentait un avortement à 6 mois. A vrai dire, nous avions toujours évité d'y penser. Certainement que, si le test avait été positif, notre bébé se serait battu comme un dragon (c'est son signe chinois !) contre la mort. Nous ne pourrions évidemment pas supporter cela, encore moins que l'arrivée d'un enfant trisomique. Cela nous permet de justifier notre décision, en cas de doute, ou vis à vis de notre entourage.
Mais, au fond de moi, la vraie raison est que je suis convaincue que le problème (si problème il y a) ne se trouve pas là. Avec un peu de recul, je crois que tout cela aura finalement été utile : j'ai vraiment changé d'attitude envers ce petit bout, et je lui fais beaucoup plus de place à présent.
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En examinant mon col, la sage-femme me prévient : il se modifie, je dois me surveiller. Dans les semaines qui suivent, jai plein de contractions, pas douloureuses, mais angoissantes, car je sens que le col évolue et, à 6 mois, c'est trop tôt. En plus, jai trop de tension. Dire que ma première grossesse a été sur des roulettes. Je ny comprends rien... Est-ce à cause des angoisses vécues ces dernières semaines ? Est-ce cette grippe, qui m'a bien secouée, voici un mois ? Pas facile de trouver une cause objective à tout ceci.
Mais il faut bien reconnaître que les messages de mon corps sont clairs : les contractions succèdent à la moindre incartade. Mon médecin me met au repos, sous hormones. Quand on vit sur les chapeaux de roues, avec un boulot passionnant et quand l'aîné continue daller à la crèche, c'est dur. Cest dur aussi de ne pas être la « super-femme enceinte », jolie, active, épanouie, celle que l'on voit dans les catalogues "Premaman"...
C'est peut-être une occasion de vivre "autre chose", mais comment débrayer totalement ?
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A sept mois, la sage-femme détecte de l'albumine dans mes urines. Ma tension a encore augmenté, et je dois voir un gynécologue. Ce dernier ne ma rien expliqué du tout, et ma juste imposé un repos allongée et arrêt de travail total. Un vrai coup de poing pour moi, qui espérais toujours aller mieux. Grâce à la sage-femme, j'évite toutefois l'hospitalisation. Sur prescription médicale, nous obtenons une "surveillance de grossesse à risque" à domicile.
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Dix jours plus tard, tous les indicateurs sont au rouge. Heureusement que ma sage-femme me suivait de près ! A sa demande insistante, mon gynéco me revoit et c'est la césarienne sur le champs (sans mon mari, sans voir le bébé). La veille, j'ai eu un pressentiment extrêmement fort, qui me disait : "Sylvie, maintenant, arrête de te voiler la face et accepte ce que l'on te proposera, sinon tu vas mourir". Grâce à la surveillance de ma sage-femme (je dirais même son instinct), la naissance de Joséphine n'a eu lieu ni trop tôt (je n'aurais jamais accepté cette séparation), ni trop tard (je n'ai pas eu d'éclampsie et me suis remise très très vite).
La petite Joséphine, adorable et pleine de vie, ne pesait que 1kg200 (à 7 mois ½). Cest un trop petit poids pour son terme, mais qui montre aussi quelle sétait préparée à naître. Le placenta, analysé plus tard, était à terme.
La césarienne a été un passage moralement très dûr, un véritable arrachement de bébé à mon corps, mais je crois que j'en ai vite fait mon deuil. Par contre, le pire de tout, auquel je ne métais pas du tout préparée, furent les sept longues semaines en centre néo-natal, que je vous raconte plus loin dans ce site, avec un cri de révolte.
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